Vous avez désormais le matériel nécessaire pour numériser vos photos. Il faut maintenant s’en servir ! Comme dans la première partie, je vais vous proposer quelques méthodes et comparaisons avec lesquels j’obtiens des résultats que je trouve satisfaisants. Cet article est décomposé en phases et thématiques : on commence par un tronc commun par lequel vous passerez forcément avant de détailler, type de film par type de film, comment se dépatouiller ! Les tests sont réalisés sur un V800 pour le scanner ou avec un Pentax K70 pour la photo numérique. Je traite mes photos avec Capture One Pro (mais des outils similaires sont disponibles sur Lightroom) et utilise Photoshop Elements.
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Table des matières
Méthodologies de numérisation des films :
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Tronc commun :
La numérisation des films se fait idéalement dans un milieu clair où vous avez de l’espace car vous allez en poser partout ! Un milieu correctement ventilé est un plus, dans le cas contraire, vos films se couvriront de poussières avant même le passage au scan ou sous l’appareil et rien n’est pire qu’une pétouille en plein milieu de l’œil de votre sujet !
Comme vous êtes soigneux(se), vous prendrez soin de vous munir d’une pipette ou d’une bombe à air sec, pour dégager les poussières, et de gants. Ceux-ci peuvent être en coton ou en matière synthétique sans talc (on en trouve par lots de 300 dans toute pharmacie) ; l’essentiel étant que vos paluches pleines de doigts ne touchent pas le négatif par erreur en laissant des traces.
Afin d’améliorer à la marge vos scans, vous êtes libres d’utiliser de nouveaux passes-vues, voir même d’en fabriquer vous-même – au moyen de carton plume par exemple. L’entreprise Better-scanning propose des passe vue très bien construits dotés de verres anti-newton (évitant des taches colorées éponymes sur le scan)

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Pour le matériel photo, l’essentiel est un montage stable où le film est disposé bien à plat sur la table lumineuse exactement à la perpendiculaire de l’appareil photo. Munissez-vous d’un niveau pour vous assurer d’être bien d’équerre. on le répète, trouvez le moyen d’abattre le miroir d’un reflex largement avant la prise de vue sans quoi la micro vibration de l’appareil ne vous permettra pas d’arriver à un résultat parfaitement piqué.

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Refermez le capot du scanner, allumez l’appareil photo et la table lumineuse, vous êtes prêts.
Pour les démonstrations qui suivent, les copies d’écran sont nombreuses, cliquez dessus pour les ouvrir !
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Au cas par cas :
Le film inversible :
Avec un scanner :
Il s’agit sans doute du type de film couleur le plus simple à numériser puisque l’objectif est – normalement – d’obtenir le même rendu que sur le film. Sur le logiciel du scanner faites vos réglages de résolution et bornez votre photo à l’aide de l’histogramme lors de la prévisualisation.
Le scanner vous rend compte de ce qu’il « voit » grâce à l’histogramme. Libre à vous de borner dès le scan ou de le faire sur votre logiciel de retouche d’image mais le résultat sera le même : les détails dans les hautes ou basses lumières que votre scanner ne perçoit pas seront perdues quoi qu’il arrive.
Vous pouvez, si cela vous semble nécessaire, indiquer au logiciel un « point gris » permettant de déterminer une balance des blancs. Personnellement, je ne le fais pas. Puis lancez la numérisation :

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Sur le logiciel de retouche d’image, traitez votre photo comme bon vous semble, en ajoutant de la netteté (un peu, beaucoup, passionnément, selon vos goûts…), en recadrant, corrigeant les perspectives, la colorimétrie, etc…
La méthode vue ci dessous peut s’appliquer pour finaliser le traitement de n’importe quelle photo scannée ou photographiée, qu’elle soit basée sur du film inversible ou sur du négatif. Revenez-y à loisir.






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Avec un appareil photo :
Avec un appareil photo sur table lumineuse ou face à un flash, réglez la balance des blancs sur la température de lumière indiquée par le constructeur. Ensuite faites votre photo et traitez la comme une photographie numérique. contrairement au scanner, vous ne pouvez pas borner votre histogramme avant le scan, cela doit être fait sur votre logiciel.




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Le film négatif couleur :
Il s’agit du film le plus compliqué à gérer car le masque orange présent sur le film complique l’opération. D’ailleurs, ce masque empêche d’apprécier la « vraie » palette de couleur du film dont il est, du coup, impossible de se rapprocher avec certitude. Le mieux est à mon sens de faire un traitement qui vous plaise plutôt qu’un traitement qui serait « un vrai traitement de tel ou tel film » (de toute façon, il est entendu qu’aucun preset d’imitation de film argentique pour photo numérique ne se rapproche du film qu’ils sont sensé imiter…
Avec un scanner :
– La première méthode consiste à exploiter votre logiciel de scan en y modulant les réglages pour obtenir le résultat que vous souhaitez. Silverfast dispose même de pré-réglages de films permettant d’obtenir rapidement des rendus plutôt flatteurs. En faisant quelques essais de preset sur la base de votre prévisualisation, vous trouverez rapidement un traitement qui vous paît. Bornez votre photo et scannez. Traitez ensuite votre photo sur votre logiciel d’imagerie.


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– La deuxième méthode dite méthode « Plazzi » (du nom du photographe qui me l’a apprise) consiste à réaliser un scan brut de votre film avec le masque orange comme s’il s’agissait de film inversible et de l’ouvrir spécifiquement sur Photoshop. A ce moment là, allez dans les réglages et cliquez successivement sur les niveaux auto, le contraste auto et la balance des blancs auto PUIS passez la photo en positif.






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– La troisième méthode, dite « méthode Picto », est décrite par Mr Henri Gaud. Faites un scan brut comme sur la deuxième méthode mais en incluant absolument un liseré de film non exposé, puis :






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Traitement commun aux deux méthodes (Plazzi et Picto) :


A vous de tester la méthode qui vous parlera le plus. La méthode Picto, qui consiste à traiter spécifiquement le masque orange et que vous trouvez peut être lourde de prime abord, est intéressante parce qu’elle décompose chaque aspect du « retraitement ». Elle est à privilégier pour des pellicules particulières comme les LOMO dont les teintes spécifiques pourraient être bouffées par les réglages auto de photoshop ou ceux du scanner.
Avec un appareil photo :
Un plug-in lightroom payant nommé « Négative lab pro » révolutionne, je pense, la numérisation des films. Après une installation rapide sur LR6 ou CC, vous pouvez traiter avec facilité un film que vous avez préalablement photographié.




Notez que ce plugin fonctionne également avec des scans bruts comme ceux utilisés dans les méthodes 2 et 3 en négatif couleur au scan. Si vous ne souhaitez pas investir dans Silverfast par exemple pour bénéficier de plugins et que vous disposez déjà de Lightroom, l’investissement dans Negative Pro Lab peut vous permettre de réaliser un traitement fin de vos négatifs sans passer par les méthodes « sur photoshop ».

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Le négatif noir et blanc :
Avec un scanner :
C’est évidemment le cas le plus simple puisqu’en l’absence de couleur, seul le rendu des contrastes compte. Comme d’habitude, bornez votre photo à l’aide de l’histogramme et utilisez pour une fois les autres outils pour éclaircir un peu les tons moyens. La dérive de couleur n’étant pas possible, le but du scan N&B n’est pas d’avoir un rendu exploitable mais d’avoir le plus d’information possible en sortie. Traitez le fichier obtenu sur votre logiciel de traitement.



Avec un appareil photo :
Avec un appareil photo, la photo sera prise en couleur. Qu’importe, vous la passerez en N&B sur votre logiciel de traitement. Là encore, il s’agit du cas le plus simple puisqu’aucune dérive colorimétrique n’est observable.
Je ne publie pas de démonstration tant les résultats sont semblables avec la démonstration au scanner. Il n’y a rien à ajouter.
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Petits tips pour finir :
Si vous scannez toutes vos photos à très haute résolution, vous risquez de vous retrouver avec des fichiers encombrants, vous pouvez très bien réduire vos fichiers à une définition vous permettant de garder des fichiers d’une taille raisonnable. Vous ne ferez peut être pas 100 scans destinés à 100 tirages d’un mètre de côté ?
Avoir un deuxième passe-vue permet de le charger pendant que le premier est dans la machine. Un gain de temps.
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Eh voilà, vous êtes arrivé au bout. Avec tout ça, vous devriez être un peu mieux armés pour vous lancer dans vos propres numérisations. Si vous avez des questions ciblées ou des remarques, envoyez moi un mail par la rubrique « contact ».
Bonne journée !
Bonjour Greg,
Une seule chose à dire … Merci !
Le travail que tu as réalisé pour ce tutoriel est à l’image de tes photos … exemplaire 😉 Cordialement. Didier
ps : Personnellement j’utilise mon D800e et un 90 mm macro pour le 6×6,6×7 et depuis peu pour le 35 mm. Résultat, mon Plustek 8200i va finir très rapidement sur le Bon coin. C’est bien trop long
Bonjour Didier et Merci beaucoup pour ce commentaire, il me touche.
Concernant votre méthode de reproduction, c’est sans aucune surprise qu’un boitier numérique ultra moderne adossé à un excellent objectif macro fournisse des résultat au moins aussi bon que votre Plusteck. Je continuerai de bosser sur ce dossier en faisant de meilleures repro avec de meilleurs boitiers numériques et objectifs. Autant, il me semblait de répondre à un maximum de question sur le scan, autant il est certain que je ne suis pas allé jusqu’au bout des tests concernant l’opposition boitier numérique vs scanner… Peut être par peur que je n’arrive plus à défendre ce dernier ! ^^
Bonjour, un grand merci pour ce sujet super intéressant et très bien traité… Je me demandais sur quel matériel partir pour pouvoir avoir des scans qui ont une résolution suffisante pour sortir du 30×40…? Merci à toi
Bonjour Gygy ! Tout dépend de votre exigence de piqué/rendu et de votre format de départ. Si vous faites du moyen format, un V700 par exemple, fournira de très bonnes prestations. si vous faites du 24×36, peut être sera t’il plus judicieux de vous orienter vers un scanner dédié à ce format voir de numériser vos films à l’aide d’un reflex numérique. Bonne continuation !