Des Carpates au Dniepr

Introduction 

La découverte de la Biélorussie en décembre 2018 m’avait convaincu de retourner dans un ancien pays du bloc de l’Est au plus tôt. L’achat d’un vélo de randonnée au printemps 2019 donna le ton : le prochain voyage se fera en train et en vélo. J’ai choisi l’Ukraine, plus accessible par le train qu’on ne le croit et dont je voyais des photos inspirantes depuis longtemps. Les clichés d’Intercités serpentant dans les Carpates suffisaient à déclencher chez moi des envies d’aventure. Mi-septembre, mon vélo chargé de 25 kilos de matériel, je quitte ma famille et me dirige vers la gare de Lyon. Je replie ma monture dans une sacoche dédiée et la place dans le rack à bagage du TGV à destination de Zurich. Après une heure de correspondance, je saute ensuite dans le train de nuit pour Budapest d’où j'en prends un autre pour Chop, la gare frontière ukrainienne. Le dimanche 15 septembre au soir, le passeport tamponné, je fais mes premiers tours de roue en Ukraine…  

Des Carpates au Dniepr 

L'éclatement de l’URSS a donné son indépendance à bon nombre de “républiques socialistes soviétiques”. C’est le cas de l’Ukraine qui met en place en 1991 une toute nouvelle forme d’administration et recrée sa société ferroviaire nationale. C’est immédiatement une grosse entreprise à la tête de plus de 20.000 kilomètres de ligne et de plusieurs dizaines de milliers de locomotives, voitures et wagons qui assurent un trafic considérable. Aujourd’hui encore, 51% du fret national transite par le rail ! Cela place l’Ukraine, dans le domaine du transport de marchandises, dans le top 10 Eurasiatique en compagnie de pays comme la Russie ou l’Inde. Derrière ces chiffres impressionnants, les chemins de fers ukrainiens revêtent aujourd’hui encore un visage des plus traditionnels. Le matériel roulant entièrement hérité de l’ère soviétique, comme les automotrices ER9 ou les grosses 2TE10, donne une allure à la fois impressionnante et délicieusement désuète aux trains. L’infrastructure également, ne semble pas avoir passé le cap du XXIeme siècle. Les gares sont encore équipées de quais bas, les gardes barrière sont toujours aux passages à niveau et les brigades à pied continuent d’arpenter les voie pour l’entretien courant. Le caractère paramilitaire de l’entreprise se ressent tant dans les épaulettes des chemises des employés que dans la rigueur absolue de leurs gestes. Les chemins de fer ukrainiens concentrent ainsi un grand nombre “d’images d’Epinal” d’un monde ferroviaire que les occidentaux ont mis de côté à grand coup de normes et de lois.

Traditionnel mais pas immobile car derrière une forme de désuétude se cache une formidable machine de production. Il suffit de voir l’activité de la gare de Kiev ou du triage de Dnipro pour s’en convaincre. L’observateur aguerri notera également l’homogénéité remarquable de la signalisation, performante jusque sur les voies uniques les moins fréquentées. Les trains sont en moyenne un peu lents mais d’une ponctualité sidérante. Le service à bord digne des grands express avec le thé servi à la place est d’une réelle qualité. Pour le futur, les “UZ” planchent sur l’achat ou la rénovation de milliers de matériels. Ce programme devrait permettre d’améliorer encore la productivité de l’entreprise et aura pour effet la disparition du visage “soviétique” qui fait encore partie aujourd’hui de l’entreprise. Cette série court d’ouest en est à la recherche de ces trains si particuliers, un peu surannés, toujours esthétiques, singuliers et évocateurs d’un pays culturellement entre deux mondes et qui a soif d’évolution…

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

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