La numérisation des films avec un scanner

Vous avez entre les mains un film développé et il faut maintenant l’exploiter… En argentique, vous devez choisir entre le tirage traditionnel ou la numérisation. Nous allons aujourd’hui parler de la seconde option.

Au tout début de ma pratique et dans l’idée d’une continuité visuelle sur l’ensemble de ma production photographique, j’ai fait un choix de pellicule couleur selon mes goûts. J’ai retenu la Provia 100F de Fuji. Un choix exigeant car ce film demande une grande précision à l’exposition et n’autorise plus le tirage faute de papier. Le scanner est immédiatement devenu aussi nécessaire que le boitier pour exploiter mes photographies. Plutôt exigeant avec ma production photographique, j’ai toujours fouillé et testé pour savoir comment améliorer mon travail, chercher du nouveau matériel, de nouvelles méthodes, etc… Cet article et ceux qui le suivent sont le fruit de ces années de recherches. Ce premier est centré sur l’utilisation des scanners, viennent ensuite un second traitant de l’utilisation d’un appareil photo numérique un dernier pour exploiter les images produites avec l’un ou l’autre.

Cet article a été modifié pour traiter spécifiquement de la numérisation avec un scanner, si vous souhaitez en savoir plus sur la numérisation avec un appareil photo, c’est ici : LA NUMÉRISATION DES FILMS AVEC UN APPAREIL PHOTO NUMERIQUE


 

QUELLES SONT LES données TECHNIQUES IMPORTANTES pour choisir un scanner ?

Le matériel de numérisation n’est qu’un moyen, son choix dépend de l’utilisation que vous ferez de vos photos numérisées. Vous n’aurez pas les mêmes besoins pour une image devant finir sur Instagram ou dans un traceur sortant des tirages d’un mètre de large. De même, si vous avez 2000 photos à scanner, la rapidité d’exécution sera un élément clé. il vous faudra choisir entre numériser à l’aide d’un appareil photo numérique ou d’un scanner.


RAPPELS TECHNIQUES :

Dans une activité qui mélange grandeur physique - celle du film ou du papier - et grandeur numérique - le pixel -, il faut distinguer définition et résolution : 

La définition est la dimension de l’image. Par exemple : 5000 x 3000 pixels font une définition de 15 millions de pixels ou 15 “méga pixels”. Elle n’a pas de valeur physique exacte car le « pixel » n’a pas de taille stricte, il peut y avoir de “gros” capteurs comme des “petits” capteurs.

La résolution est le nombre de points sur une longueur physique donnée. Elle s’exprime en « ppp » comme « points par pouce » ou « dpi » pour « dots per inch », 300 dpi signifie donc 300 points sur une longueur d’un pouce, soit 2,54 cm. Informatiquement, elle s’exprime également en « ppi » comme « pixels per inch ». Les dpi/ppp l’emportent dès qu’une longueur physique, celle du film ou du papier, est mise en jeu.

La résolution est sans doute la donnée la plus importante si vous destinez vos photos à l’impression car cette dernière sera tramée à 300dpi lors du tirage par l’imprimante. On estime en effet qu’il est impossible pour l’œil humain de distinguer la trame d’une impression en 300dpi, même s’il l’observe de très près. En dessous, il est possible que la résolution soit insuffisante et crée une étrange sensation de flou.

© www.bigacrylic.com/

© phototrend

Si vous scannez une photo argentique de 2.54cm de long (soit 1 pouce pour la démonstration) en 3200dpi et que vous ré-échantillonnez à 300dpi, vous obtenez une image de 27.09cm ; soit la dimension maximale à respecter dans ce cas pour avoir une impression d’une grande finesse observable de près.

Bien sûr, chaque règle a ses exceptions. Dans ce cas de figure, le tirage est regardé de près et un manque de résolution sur un petit format se voit immédiatement. Sur un grand tirage, observé de plus loin, vous pouvez prendre vos aises. La résolution peut être moindre sans qu’il n’y ait perception d’une baisse de qualité. On peut parfois descendre jusqu’à  à 100 dpi sur un tirage destiné à être regardé à un mètre de distance. J’ai chez moi un tirage de 80x80cm dans mon salon et si je colle l’œil au tirage, c’est très légèrement “flou”… Mais qui regarde un tirage de cette taille le nez collé au papier ???!

Pour le web, la question des dpi ne se pose pas puisque sur un écran, la longueur physique du « pouce » n’a pas cours. Elle fait place à la notion de « ppi » qui est, par convention, de 72 sur un écran. Votre seul problème est de scanner ou photographier à une résolution d’au moins 72ppi et une définition au moins égale à celle que vous afficherez sur votre site ou sur un réseau social : par exemple, 880px de côté minimum pour mes publications internet.

En vue de démontrer par l’image les différentes problématiques de qualité issues la définition et de la résolution appliquées à nos numérisations, je suis parti d’une photo test que j’ai disséqué. Notez que cette démonstration est faite sur la base d’une photo en moyen format. Ne pratiquant presque pas le plein format, une démonstration adaptée à son usage n’a pas encore été réalisée.

Une ER9M du dépôt de Lviv s’apprête à quitter la gare centrale de la ville pour repartir dans les Carpates, nous allons nous approcher du nez…


 

La résolution des scanners

Si la résolution n’est pas une préoccupation quand on utilise un appareil photo, c’est un sujet central quand on utilise un scanner. Celui-ci disposant d’un couple capteur/optique fixe, il ne peut agir que sur la résolution pour faire varier la définition des fichiers numériques qu’il crée.

Plus le format que vous pratiquez est petit (135 par exemple, comparé au 120 ou même au 4×5″) plus vous aurez besoin d’agrandir votre photo pour l’imprimer dans des formats généreux. Il vous faudra donc un scanner capable d’aller capter jusqu’aux plus fins détails de vos photos en adoptant une très haute résolution. Malheureusement, la résolution affichée par certains constructeurs est souvent optimiste et ressemble plus à une sorte d’extrapolation des pixels. Le piqué et la mise au point de l’optique du scanner jouent un rôle crucial et permettent de définir une résolution maximale « efficace », celle jusqu’à laquelle le scanner est réellement capable de restituer proprement les plus fins détails d’un film. Selon le modèle de scanner, les tests révèlent parfois une chute de plus de 50% entre la résolution affichée et la résolution réelle. Cela ne fait pas des scanners concernés de mauvais scanner, juste des produits pas toujours adaptés à ce pour quoi on les imaginait.

Pour faire la démonstration, je suis parti de deux extrêmes : le V800 Epson, un scanner à plat de bonne tenue mais qui reste un scanner d’amateur en comparaison de l’X5, peu ou proue le meilleur scanner actuellement fabriqué. SPOILER : les photos du deuxième sont meilleures ! Encore heureux vue la différence de prix mais la comparaison à différentes résolutions montrent qu’en modérant ses ardeurs sur la résolution, même un scanner modeste peut atteindre de belles performances.

On commence par la comparaison de la même portion de deux scans réalisés à 3200dpi et affichés à 100%. Sans surprise, le V800 est largué et même s’il subsiste un petit doute quand à la bonne hauteur du passe vue supportant le film, ce scanner ne pourra de toute façon pas atteindre le niveau de netteté offert par le X5 à cette résolution. C’est absolument normal et prévisible.

D’après des tests en laboratoire, le V800 semble avoir une résolution efficace de l’ordre de 1900 à 2000dpi. La même photo a été re-scannée à 1800dpi et cette fois, le V800 se défend bien avec un résultat certes toujours inférieur mais de peu. Continuons…

Sur la même base que le test précédent, j’ai ajouté un dose de netteté à la photo du V800 avant de la remettre en comparaison. Les esprits chagrins diront à raison que la différence se voit encore ; moi je trouve que les résultats sont désormais franchement proches ! Et nous sommes à 1800dpi, soit une résolution à laquelle un tirage issu d’un film moyen format de 30cm de côté sera très beau, même observé de près.


 

Le DMAX des SCANNERS

Un scanner est également jugé sur sa capacité à restituer avec finesse les plus hautes et les plus basses lumières ; sa “dynamique” en quelque sorte. Là où certains modèles ne voient que du blanc cramé ou du noir bouché, d’autres font encore apparaître des détails et des nuances. Cette capacité est exprimée en « Dmax » sur une échelle de 0 à 5. La majorité des scanners actuels sont donnés pour un Dmax compris entre 4 et 5. Là encore, des tests en laboratoire démontrent que les fiches produits sont fréquemment optimistes.

Un chiffre élevé est gage d’une bonne restitution de tous les contrastes de vos photos. En usage courant pour des tirages de lecture ou des publications sur les réseaux sociaux, un Dmax d’environ 3.5 est acceptable et semble être un minimum. La majorité des scanners proposent un Dmax comprise entre 4.0 et 4.2. Rares sont ceux qui dépassent effectivement ces valeurs. Cela fait du Dmax un aspect encore plus discriminant que la résolution car une excellente valeur est foncièrement rare.

On reprend notre photo d’ER9M scannée en 3200dpi et on se penche cette fois sur la charpente métallique de la grande halle de la gare. Les tons sombres sont bien mieux rendus par le X5 (Dmax de 4.8) que le V800 (Dmax réel de 3.9) et même si un bon logiciel vous permettra de rattraper un peu les tons sombres quasi bouchés par le V800, il n’y aura pas de miracle.


 

Quelques dernières informations…

Il faut que votre matériel couvre techniquement votre besoin. Si vous ne faites que du négatif en bande et que vous achetez un accessoire d’objectif en vue de reproduction des diapos, c’est ballot. Si vous achetez un scanner de numérisation des films 135 mais que vous ne faites que du 120, c’est encore ballot.

Concernant la colorimétrie, les tests ci dessus montrent une différence d’un scanner à l’autre. Le problème dépend tant du scanner lui même que de son logiciel ou même des optiques employées sans compter le regard que vous portez sur les couleurs. Ça ne doit pas être un aspect discriminant dans le choix de votre matériel.

Si votre objectif est d’abattre une grande quantité de travail et que vous voulez absolument un scanner, tenez compte des temps de scan annoncés par les fabricants.


 

AVEC QUEL MATÉRIEL NUMÉRISER VOS FILMS ?

L’acquisition se fait au moyen de deux grandes familles de matériels : les scanners et les appareils photo numériques pourvus d’objectifs macro ou d’accessoires. Je mets de côté les solutions avec smartphones qui relèvent plus du gadget que de l’outil photographique. De même que les mini scanners à moins de 100€ neufs qui ne peuvent pas, vu leurs caractéristiques, se révéler être un choix pertinent pour l’amateur, même débutant, qui souhaite quand même voir dans ses numérisations le fruit de son travail.

Je vous propose une rapide revue des troupes pour vous aider à orienter votre choix. Elle n’est pas exhaustive, une recherche plus approfondie et des comparaisons personnelles vous aideront à faire votre choix.

LES SCANNERS :

SCANNERS « À PLAT » :

A l’origine simples scanners de documents, ils ont été développés par la suite pour le scan de pellicules. Leur principale qualité est leur flexibilité : ils peuvent scanner tant les films au format 135 qu’au format 120. Certains d’entre eux acceptent même le 4×5″. C’est un choix fréquent chez l’amateur.

  • Canon conçoit avec le « Canonscann 9000F mkII » un scanner accessible acceptant le 135 et le 120. Il était toujours au catalogue Canon en 2021mais semble plus difficile à trouver neuf aujourd’hui.

  • La gamme V chez Epson est la plus répandue. Les V800 et V850 acceptent quasiment tous les formats. Leur résolution efficace est d’environ 2000dpi et leur Dmax de 3.6 à 3.9. Une moyenne un poil basse dans l’absolu mais ce scanner hyper flexible est très vite amorti. Il n’est plus au catalogne Epson en 2022 mais son retrait est si récent qu’i lest toujours disponible à l’achat neuf, les modèles précédents se trouvent facilement d’occasion.

  • Les scanners IQsmart (le 3 en particulier) de Creo sont beaucoup plus rares et nettement plus coûteux mais offrent un niveau de scan de très haute volée. C’est la Roll’s du scanner à plat. Comptez quand même quelques milliers d’Euros si vous avez la chance d’en trouver un d’occasion, il ne sont plus fabriqués.

© Epson

© Epson

SCANNERS « DÉDIÉS » :

Ils n’ont qu’une seule et unique fonction : scanner du film. Ils sont fréquemment plus compacts. Ceux dédiés au format 135 n’acceptent que ce format, ceux acceptant le format 120 acceptent également le 135 et ainsi de suite.

  • On trouve de petits scanners dédiés au 135 plutôt accessibles comme le Rollei PDF-S 240 SE ou le 8100 LED Plustek. Un scanner plus reconnu est le Reflecta RPS 10M. Ce dernier présente une résolution réelle de 4300dpi pour un Dmax de l’ordre de 4.0. Son prix va avec ses belles spécificités : un peu moins de 1000€. Il est toujours disponible neuf en 2021

  • Les scanners dédiés au moyen format sont déjà plus rares et nettement plus onéreux. On y trouve le MF 5000 Reflecta ou encore le FS 120 Braun. Ce dernier donne une résolution réelle de 3200dpi et un Dmax de 4.0 environ, une belle performance pour du moyen format à environ 2000€ (logiciel SF inclu). Ces scanners sont disponibles neufs en 2021.

  • Les scanners dédiés acceptant le 4×5 (ainsi que le 135 et 120) sont rarissimes et le Hasselblad Imacon Flextight X5 est sans doute la figure de proue de cette catégorie. Ces scanners réellement « professionnels » offrent une qualité de reproduction exceptionnelle. Une résolution toujours atteinte de 6900dpi pour le 135 ou 3200dpi pour le 120 (liée au capteur de 8000px qui oblige à limiter la résolution), un Dmax exceptionnel de 4.8, rapide, efficace, dommage qu’il coûte… 22.000€ environ ! (note du 06/07/2022 : Les Victor en vendent un à 20.100€ H.T., avis aux amateurs !)

© Reflecta

© Reflecta

© Hasselblad

© Hasselblad

LE CAS PARTICULIER : LE SCANNER À TAMBOUR.

Un peu inclassable (quoi que le X5 ci dessus s’en rapproche) le scanner à tambour est atypique, tant par sa taille que par son fonctionnement. Le film est maintenu par un filet d’huile sur un tube translucide pivotant au dessus du capteur. Bien que technologiquement ancien (contemporain des débuts de l’informatique), le scanner à tambour est la catégorie de tous les superlatifs. Rien,ou presque, ne dépasse aujourd’hui ces scanners en terme de qualité mais ils sont si exigeant à l’usage et la technologie numérique ayant fait de tels progrès depuis leur mise au point que l’essentiel du parc a disparu. Les grandes entreprises qui en fabriquaient ont toutes cessé sauf peut être Aztec. Il est pratiquement impossible de trouver le prix exact d’une machine neuve mais cela semble se situer autour de 30.000€. (!!)

© Brakensiek systemhaus / Heidelberg

© Brakensiek systemhaus / Heidelberg


 

Les logiciels des scanners

Comme tout bon appareil électronique relié à un ordinateur, le scanner ne tourne pas sans son « pilote », un logiciel qui fait l’interface entre lui et l’ordinateur. Ce pilote est généralement un programme complet permettant à l’opérateur d’utiliser son scanner en prévisualisant un film, sélectionnant une photo puis de la scanner pour de bon selon un certain nombre de paramètres.

Vous avez deux grandes possibilités : soit utiliser le logiciel fourni avec le scanner, soit en utiliser un autre. Les logiciels des scanner sont souvent basiques mais ils « font le taff » (sauf, à en lire certaines critiques, le logiciel du reflecta MF 5000 ?). Ils sont rarement mis à jour. Les logiciels tiers sont souvent plus complets et complexes. Mieux mis à jour, ils permettent même, parfois, de faire fonctionner un scanner ancien sous des systèmes d’exploitations actuels. Deux grandes firmes se partagent ce marché : Vuescan et Silverfast. L’un et l’autre sont coûteux pour des logiciels non essentiels au flux de travail mais peuvent s’avérer être des investissement intéressants quand on veut aller plus loin que les quelques fonctions basiques du logiciel d’origine. A vous de voir.


 

Comparaison entre les scanners et les boitiers numériques

C’est LA grande question du moment : l’investissement étant important, personne ne veut regretter un choix technique au bout de quelques semaines seulement d’utilisation. Ainsi les deux modes de numérisation peuvent-ils être confrontés l’un à l’autre pour les départager. Ca ne surprendra personne, en réalité, les deux ont des qualités et des défauts, ou plutôt, des intérêts et des contreparties :

Employer un scanner : les interets et contreparties FACE AUX boitiers numériques

Choisir un scanner plutôt qu’un DSLR relève d’un choix technique. Régulièrement donné comme “dépassé” par rapport à son concurrent, le scanner me semble pourtant avoir toujours pour lui quelques intérêts que je vous détaille ci après :

INTERETS :

  • Le scanner n’est pas forcément plus cher qu’un appareil photo, c’est même plutôt l’inverse ! Une fois additionnés les prix du boitier, de l’optique, du statif, de la table lumineuse au minimum, vous pouvez déjà avoir largement dépassé le prix d’un scanner neuf !

  • Les scanners disposent de systèmes d’effacement automatique des poussières. Cela n’existe pas avec les DSLR et vous passerez de longues minutes à “dépettouiller” vos photos numériques. Une activité chronophage, rébarbative, frustrante. La réalité est que de la prise de vue au traitement final, il est peu probable que vous ayez gagné du temps avec un appareil photo, à moins bien sûr de n’avoir un scanner particulièrement lent en comparaison.

  • Le scanner est toujours livré avec un logiciel permettant de numériser directement un négatif en positif, l’appareil photo ne vous donnera qu’un fichier qu’il faudra traiter par la suite.

  • Le scanner ne dispose pas d’un capteur rectangulaire comme sur les appareils photos mais d’une “ligne” unique qui balaye l’image pour l’acquérir. Ainsi la qualité de numérisation d’un scanner est parfaitement homogène sur toute la surface du film. L’appareil photo est tributaire de la qualité de l’optique dans les coins qui peut être source de perte de piqué ou de sur-vignettage.

  • Le scanner dispose toujours de passe-vue permettant de limiter la manipulation des photos voir de scanner les photos par lot. Avec un appareil photo, on scanne toujours les photos une par une en intervenant sur le système à chaque fois.


CONTREPARTIES :

  • Les choix de scanners neufs sont de plus en plus limités, les occasions sont peu nombreuses et les réparateurs sont rares et coûteux.

  • La dynamique d’image des DSLR récents surclassent 99% des scanners du marché. Rien que de très normal : le développement de nouveaux capteurs est beaucoup plus actif pour les DSLR que pour les scanners.

  • versatilité du matériel : vous pouvez vous servir de votre DSLR au quotidien, pas du scanner. Essayez de faire des photos avec votre scanner, vous allez voir, c’est compliqué ! ;)

  • Les fichiers TIFF du scanner sont lourds et rarement plus flexibles lors du traitement que les Fichiers RAW des DSLR au poids plus contenus. Les fichiers TIFF des scanners sont fréquemment de plus de 100Mo, voir même de plus de 500Mo avec le X5. Alors que des reflex comme les 5DsR Canon ou Alpha-7RIV Sony contiennent le poids des fichiers RAW autour de 100Mo au maximum.

  • Rapidité d’exécution à la numérisation. Un scanner mettra rarement moins d’une minute à numériser une photo en 3200DPI alors que l’appareil photo mettrai probablement autour d’1/20ieme de seconde. Mais il faut tenir compte du temps de traitement global incluant le dépoussiérage que le scanner est susceptible de faire alors que vous serez contraint d’opérer vous même avec une photo numérique.


 

Comparaison d’une numérisation

N’oubliez pas que je ne suis pas un professionnel en laboratoire qui fait des tests sur un banc. Tout ça n’est que le fruit de ma recherche de la meilleure numérisation possible pour mes besoins et envies.

Cet article à un “frère” dédié à la numérisation au DSLR, il peut être utile de le consulter en parallèle pour bien appréhender les visuels proposés.
-> Numérisation des films avec un appareil photo numérique

Une fois encore, c’est notre ER9 en gare de Lviv qui s’y colle ! nous allons faire des agrandissements du nez.


V800 vs. Pentax K70 + 18/55

La comparaison des deux est pertinente parce que ces deux ensembles sont d’un tarif A PEU PRES comparable. Le V800 se trouve aujourd’hui d’occasion dans les 500€/600€, le K70 également avec son objectif de Kit. Il faut tout de même ajouter une table lumineuse, un trépied et support de film soit au moins 200€ d’occasion. On peut trouver moins cher que le K70, un Canon 200D d’occasion est plutôt dans les 300€ au moment de la rédaction de cet article et donnera des résultats comparables.

Nous voilà donc avec deux systèmes autour de 600€.

On se rend immédiatement compte que le V800 propose un rendu plus piqué que le K70 dont l’objectif du kit est en souffrance totale. En revanche, le K70 a montré la supériorité de la dynamique d’image en présentant clairement des éléments de verrière que le V800 n’affiche pratiquement pas. Les couleurs ne sont pas les mêmes et pour cause : la numérisation avec le K70 s’est faite avec une table lumineuse prévue pour le dessin avec un CRI de moins de 75 ! Et ça se voit tout de suite : Le V800 a bien mieux reproduit les teintes rouges des halos des phares que le K70 ! Cela démontre à quel point vous ne pouvez pas économiser sur l’achat d’une bonne table lumineuse si vous souhaitez numériser vos photos au DSLR et cela a un coût que le scanner intègre déjà !

Ces deux numérisations sont faites sur une photo moyen format. L’objectif du kit était alors à sa distance de mise au point la plus courte et n’aurait donc pas pu embrasser de près une image en 24x36.

Conclusion de cette comparaison :

Sur un investissement de l’ordre de 600€, et selon moi :

  • Si vous ne possédez pas déjà un appareil photo numérique reflex/hybride, la balance me semble pencher vers le scanner. La diversité des acquisitions à faire pour avoir un système de numérisation raisonnable avec un appareil photo contraint à investir au moins dans un objectif macro et vous ne pouvez pas non plus couper à l’achat d’une bonne table lumineuse. Ces achats successifs font grimper la facture et il semble plus raisonnable d’avoir recours au scanner qu’à l’appareil photo dans ce genre de circonstance.

  • Si vous possédez déjà au moins un boitier numérique et que les achats se concentrent sur l’objectif Macro, le support, la table et le passe vue, alors la question se pose. Si vous faites du 24*36, l’objectif macro vous permettra de numériser parfaitement vos films et alors vous obtiendrez probablement un résultat équivalent voir légèrement supérieur en terme de rendu que le scanner… Sans perdre de vues les quelques contreparties typique de l’utilisation de l’appareil photo.

  • Si il ne vous reste qu’à acheter quelques accessoires, le plus économique sera de photographier vos films sans vous poser la question du scanner. C’est probablement cette raison qui mène tant de jeunes photographes à considérer que la reproduction au DSLR est la meilleure : ils ont déjà acheté par ailleurs la moitié du matériel et le scanner apparait alors un investissement contre-productif, presque incongru.


Hasselblad Imacon Flextight X5 vs. Sony Alpha 7R-IV

Le reflex hybride numérique plein-format le plus défini du marché en 2022 face à la Rolls des scanners : le X5. Les comparer, c’est comparer des solutions plus ou moins “ultimes” en matière de reproduction. A ce détail près que l’un vaut 3800€ neuf, boitier nu, (si bien qu’à 5500€, vous avez une super solution de reproduction) et que l’autre caracole aux environs de 22.000€ !

premier essai avec la photo de l’ER9 :

Le rendu des couleurs est beaucoup plus proche d’une photo sur l’autre, la table lumineuse employée pour la reproduction au DSLR est une Kaiser avec un CRI de 95 face au X5 qui doit approcher des 99. Cependant, je suis surpris du rendu de netteté, j’avais souvenir que les résultats étaient tout de même plus serrés que ça et je présume que mon support “maison” a généré un léger décalage de mise au point. Je vous propose de retenter l’expérience avec une autre photo :

 

Deuxième essai avec le viaduc de Penk :

Bienvenue en Autriche ! Une Taurus OBB traverse le viaduc de Penk.

Cette fois, le match est plus serré. Il reste toutefois gagné par l’X5. On se rend compte que les contours de lettrages sont plus nets (logo OBB, 57/9 sur le poteau caténaire,…) tout en ayant une définition supérieure. Pourtant, la différence est-elle si spectaculaire qu’il demeure intéressant d’investir quatre fois le prix de l’équipement Sony pour un X5 ? Pas sûr…

En tous cas, voici la preuve que j’ai légèrement foiré ma première numérisation de l’ER9. Là où le scanner, une machine intégrée, travaille toujours à son plein potentiel, le système DSLR en plusieurs parties peut dévier rapidement. Je referai ce scan un jour…

Conclusion de cette comparaison :

Il est plus difficile de conclure ici à quoi que ce soit dans la mesure où les deux équipements n’ont vraiment pas le même prix. On pourrait dire qu’il est inutile de dépenser 22.000€ pour un X5 quand on peut avoir quelque chose de très semblable avec un Sony Alpha 7R-IV. Dans la course à la très haute définition, les matchs sont serrés. Je suis tout de même obligé de reconnaitre que le X5 continue de gagner, tant en piqué qu’en définition, et qu’il n’y a guère que sur la colorimétrie qu’il date un peu et pour cause : il a déjà 10 ans ! Mais il reste une référence ! C’est dire si ce scanner a été remarquablement développé.

Rappelez vous que ces deux solutions peuvent être louées. Des loueurs, physiques ou sur internet, permettent d’avoir pour quelques jours un Alpha 7R-IV ou un X5 pour un tarif plus doux que celui de l’achat et vous permettra de faire des acquisitions de vos plus belles photos si vous disposez déjà du reste du système.


relativisons

Le principe de la comparaison entre deux éléments veut que l’on pointe les qualités et les défauts. Plus le gap est important plus la comparaison est intéressante, presque “satisfaisante”, car on aime tous se dire “ah oui, c’est évident, telle solution est meilleure !”. Il faut revenir aux fondamentaux : pourquoi numérisez vous ? Pour faire des tirages d’1m de côté ou pour publier sur les réseaux sociaux ou faire quelques tirages de 20 à 25cms de côté ? Il ne pas garder de ces comparaisons que seul le X5 permet d’avoir du bon travail !

Je vous propose ci dessous les 4 versions test de la photo de l’ER9. Bien sûr, il y a des disparités de rendu, de colorimétrie ou de netteté. Mais est-il à ce point important de dépenser 6000€ dans du matériel de numérisation pour faire un peu mieux que celui qui en coûte 600 ? En tous cas, si une numérisation occasionnelle très haute définition est nécessaire, dirigez vous vers la location et non vers l’achat.

V800

K70

Sony Alpha 7R-IV

X5

Que penser de ces comparaisons ?

  • l’appareil photo numérique semble être devenu LE MODE de numérisation par excellence : ce n’est pas si évident, le scanner a encore des qualités.

  • L’augmentation de la qualité est financièrement exponentielle : si le gap entre un définition moyenne et haute est relativement modique, chaque gain en très haute définition se paye au prix fort.

  • une fois tous les fichiers remis à une taille de diffusion internet, les écarts se creusent tant qu’il faut bien réfléchir à la nécessité d’investir des milliers d’€ si c’est pour poster ses photos sur les réseaux sociaux.

  • La dynamique d’image est meilleure sur les appareils photos. Ou plutôt, elle est meilleure lorsque l’investissement est modéré. Une fois arrivée le pas de gros investissements, les écarts se réduisent malgré l'âge des scanners face aux reflex les plus modernes.

Pour continuer au sujet des comparaisons, voici quelques liens que j’ai trouvé pertinents en dehors de la biblio. Certains sont en anglais mais n’hésitez pas à traduire !

https://www.youtube.com/watch?v=wUTLOqMinok

https://www.bhphotovideo.com/explora/photography/tips-and-solutions/scanning-without-scanner-digitizing-your-film-dslr

https://silvergrainclassics.com/en/2021/02/film-digitization-dslr-or-scanner/

https://fstoppers.com/film/digital-camera-scanning-best-way-digitize-film-593669


 

Une fois les photos prises, il faut les traiter, c’est l’objet de la troisième et dernière partie !

-> le traitement des numérisations

 
 

Article rédigé en 2018.
Version 3 du 05/07/2022